La France aux mille visages, aux mille masques

Publié le 24 septembre 2025 à 13:55

Tu sais, moi, j’ai la nationalité française.

Et pourtant, j’ai honte.

Honte de ce pays qui brandit son drapeau tricolore, droit dans le vent, mais qui piétine ses propres valeurs à la première bourrasque. Honte d’un État qui se gargarise de liberté, d’égalité, de fraternité, des grands mots qu’on te sert bien froids sur un plateau d’argent, pendant qu’il fait taire, humilier, casser.

On nous dit : « Soyez fiers d’être français. »

Fiers ? De quoi exactement ?

D’un gouvernement qui se réveille quand la terre gronde, quand la colère éclate dans les rues, alors qu’il n’a jamais su entendre le murmure discret des humiliés ? D’un pays où une daronne de 80 ans est jetée à terre par une perquisition à l’aube ? D’un pays où une femme se fait tabasser dans la rue parce que sa peau est trop foncée ?

La police frappe.

La justice s’aveugle.

Et le président ? Ah ! Il doit être quelque part à boire son petit café, bien au chaud dans ses palais dorés. Pendant ce temps, la rue tremble, le peuple encaisse, et le silence est la seule réponse aux cris.

Liberté ?

Quelle liberté pour ceux qu’on regarde de travers dans le métro, qu’on accuse d’être « trop » quelque chose — trop noirs, trop arabes, trop différents ?

Égalité ?

Quelle égalité pour ceux que la police piétine, pour ceux qu’on marginalise d’office, qu’on rabaisse au moindre regard ?

Fraternité ?

Quelle fraternité, quand la seule main tendue est celle qui serre la matraque ?

La France aime se contempler dans son miroir aux reflets dorés :

« Regardez nos artistes !

Regardez notre mode !

Nos musiques, nos cuisines ! »

Tout ce qui se consomme au grand jour dans les salons du prestige international.

Mais derrière ce décor d’apparat, il y a ceux qu’on piétine dans l’ombre. Ceux qu’on méprise en secret. Ceux qu’on tolère à peine tant qu’ils restent invisibles.

Ce pays oublie qu’il est bâti sur la diversité qu’il rejette.

Il oublie que ceux qu’il écarte lui donnent sa saveur, son humanité.

Et pourtant, il persiste dans son vieux jeu hypocrite.

Alors non, je ne suis pas fier.

Et non, je n’ai pas peur qu’on me retire ce bout de papier qu’on appelle « nationalité ».

Gardez-le, si ça vous chante.

Moi, je vous rends vos belles illusions.

Moi, je rends ce passeport à ceux qui aiment se voiler la face.

 

Pamphlet  écrit par Chaibate Douaa.

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