Sous la peau de l’ennemi
La nuit tombait, avec elle l’ombre froide qui effaçait les frontières, noyant les arbres dans un voile gris. Émile avançait à pas feutrés, le cœur lourd, le souffle court. Chaque craquement de feuille sous ses bottes résonnait comme un coup de feu. Son uniforme était caché sous des vêtements de lin, trop grands pour son corps maigre. La veste appartenait à un paysan mort, son odeur imprégnait encore le tissu. Il l’avait trouvé allongé au bord d’une route, et dans un geste qu’il n’aurait jamais cru possible, Émile avait dépouillé le cadavre.